Leslois agricoles du début des années 60 s'attaquent aux structures de l'agriculture française en essayant de faire disparaître les exploitations jugées non viables car trop petites (loi de 1960) mais aussi en réformant l'organisation du marché agricole (la loi de 1962 permet la reconnaissance des groupements de producteurs).
Iln’empêche, la vie à la campagne, dans les années 1950 et 1960, est toujours rythmée par les différents travaux liés à chaque saison : les labours, les semences, les fenaisons, les vendanges Pas de répit possible, pas de vacances non plus, c’est un dur labeur qui attend les paysans pendant toute leur existence, les hommes comme les
Unhomme cultive son champ avec un cheval de trait, met de l'herbe sur une charette. Différentes vues de la ferme, un homme donne de l'herbe aux vaches, des enfants dans la cour de la ferme. Différents animaux de la ferme, des hommes courent après un cochon dans un village, un homme travaille son champ avec trois chevaux de trait. Descripteur (s)
Publiéle 28/06/2020. Lorsque Frank Drake lance le premier projet de recherche d'intelligence extraterrestre en 1960, il vise les ondes radio qu'une civilisation avancée pourrait émettre dans
Visitede l'habitation d'une ferme des années 1950 à 1960. Exposition d'outils et d'objets en bois. Diaporama sur la vie et la mort de l'arbre. Exposition de matériaux pour la réhabilitation des bâtiments anciens.
YKsI. À Albiez, en Savoie, Irma Grange a fait de sa ferme familiale, un musée de la vie d'autrefois. Dans la vieille bâtisse, chaque pièce est mise en scène pour raconter la vie paysanne au siècle dernier. Découverte. La Ferme familiale d'Irma Grange a vu passer plusieurs générations sans prendre une ride. Ici, le temps est figé, le compteur arrêté aux années 50. Cette enseignante à la retraite a voulu garder une trace du mode de vie d'autrefois. Quand Albiez n'était pas une station de ski, mais encore un village peuplé de paysans. Dans ce musée pas comme les autres, elle accueille des enfants et leur raconte comment les familles vivaient ici, il y a plus d'un demi-siècle. Dans la ferme, chacune des pièces reconstitue la vie paysanne. Une exposition d'objets commentée par la propriétaire des lieux. Elle-même y a vécu, enfant. Elle raconte ses souvenirs les femmes qui parcouraient 18 kilomètres à pied tous les quinze jours, pour faire les marchés; les vaches qui dormaient juste en dessous des chambres pour avoir chaud... Un mode de vie qui n'existe plus que dans les livres d'Histoire... et à Albiez. Reportage de Jérôme Ducrot et Franck Ceroni durée de la vidéo 02 min 14 La Ferme d'antan
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Nous avons tous, pour la plupart, des origines paysannes. Mais l’exode rural, dès les années 1950, mène dans les villes un père, un oncle, un cousin…... Lire la suite 16,90 € Neuf Définitivement indisponible Nous avons tous, pour la plupart, des origines paysannes. Mais l’exode rural, dès les années 1950, mène dans les villes un père, un oncle, un cousin… Alors la vie dans nos campagnes change. Certaines se désertifient, tandis que d’autres maintiennent un mode de vie empreint de traditions ancestrales. Puis le progrès passe par là , entraînant notamment la généralisation du machinisme agricole. Les tracteurs et moissonneuses-batteuses deviennent plus fréquents sur les chemins, de même que les trayeuses dans les étables. Il n’empêche, la vie à la campagne, dans les années 1950 et 1960, est toujours rythmée par les différents travaux liés à chaque saison les labours, les semences, les fenaisons, les vendanges… Pas de répit possible, pas de vacances non plus, c’est un dur labeur qui attend les paysans pendant toute leur existence, les hommes comme les femmes. Mais celle-ci est tout de même entrecoupée de fêtes, religieuses ou païennes. On dresse de longues tables nappées de blanc à l’ombre des frondaisons et l’on festoie comme il se doit, non sans avoir pris soin de nourrir les bêtes avant les hommes ! La campagne en ce temps-là , c’est enfin un formidable terrain de jeu à ciel ouvert pour les enfants que nous étions. Nul besoin de console ou autre Nintendo ! Les animaux de la ferme, les vastes prairies et les bois odorants suffisent à nous occuper des journées entières. Même si, très souvent, les enfants doivent eux aussi participer aux tâches quotidiennes mais quel doux souvenir que d’aller au poulailler chercher les oeufs encore tout chauds pondus du jour ! Date de parution 25/11/2013 Editeur Collection ISBN 978-3-8313-2815-4 EAN 9783831328154 Présentation Relié Nb. de pages 71 pages Poids Kg Dimensions 22,8 cm × 24,3 cm × 1,0 cm Biographie de Véronique Sucère Véronique Sucère est née le 24 mai 1968 à Pau Pyrénées-Atlantiques. Après avoir suivi des études de lettres, langues et civilisation allemandes puis de journalisme, elle débarque à Toulouse, fin 1994, pour travailler au sein du groupe Milan où elle s’oriente vers l’édition. Puis elle poursuit sa carrière d’éditrice aux éditions Privat de 1999 à 2009. C’est au cours de ces dix années passées à publier, entre autres choses, des ouvrages ayant trait à l’histoire et au patrimoine de Toulouse qu’elle apprend à connaître et aimer la Ville rose, période pendant laquelle elle rencontre aussi nombre de ses acteurs et témoins privilégiés. Établie à son compte depuis 2009 et collaborant avec divers supports de presse et d’édition, elle est notamment l’auteure du guide Itinéraires au coeur de Toulouse éditions Sud-Ouest, 2010, de guides touristiques pour Lonely Planet Toulouse, Béarn, Navarre, Bretagne-Nord, Val d’Aran et de l’album Moissac éditions Cairn, 2012.
La matinée a rarement le temps de s’écouler sans que Jean-Jacques, 85 ans, n’arrive à la ferme dans son mini 4 x 4 beige Jimmy aux faux airs de Jeep, plus maniable que le pick-up qu’il avait autrefois. Nous sommes en Alsace, dans le village de Hoerdt Bas-Rhin. Jean-Jacques descend de la voiture, empoigne une tomate dans le palox sur le départ pour le marché-gare MIN marché d’intérêt national de Strasbourg, un grossiste, et la coopérative qui fournit les magasins Lidl de toute la région.→ ENQUÊTE. Deux agriculteurs jugent la politique agricole communeIl fronce les sourcils, fait mine de superviser. Eh oui, toute entreprise a son contrôle qualité, n’est-ce pas ! », s’exclame son petit-fils Emmanuel Dollinger, 35 ans. Celui qu’on appelle Manu » est attendri devant ce vieil homme qui n’est plus aux commandes, mais sans qui toute cette affaire n’existerait pas. Son autre grand-père, Manu l’a à peine connu. Il est mort, écrasé par son tracteur, à 63 ans. On ressent dans la chair, chez les Dollinger, ce vrai choix de vie d’être agriculteur. J’ai eu l’idée, mes parents avaient tout le reste » Mor din auto papy, ich möcht die garage schon ! » Sors ta voiture papy, j’ai besoin du garage ! », Manu interrompt son grand-père en alsacien. Le jeune homme est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de dix salariés – dont sa sœur et son ami d’enfance font partie 180 ha de surface agricole, en propriété et en baux ruraux, dont 120 de blé, et 60 d’une vingtaine de variétés de légumes en partie sous serres. Une success story », sur le papier. Mais dans le monde agricole, ça n’est jamais gagné », rappelle Annie, la mère de Dollinger, 35 ans, est à la tête d’une exploitation de maraîchage et de grande culture à Hoerdt, en Alsace. / Victorine Alisse pour La Croix L’Hebdo En rejoignant ses parents comme salarié en 2005, Manu a ouvert un magasin à la ferme pour tirer un revenu supplémentaire », à l’endroit où dormaient au siècle dernier les bêtes et le foin. La vente à la ferme commençait seulement à être à la mode. J’ai eu l’idée, mes parents avaient tout le reste », ans plus tard, le commerce représente près des deux tiers du chiffre d’affaires et fédère une cinquantaine de producteurs de la région, du fromage aux épices en passant par les fruits, les confitures, les farines et la charcuterie. Tu es forcément dans le respect du passé, car tu ne crées pas tout quand tu reprends, tu t’inscris dans une lignée », explique Manu. Les gens qui sont dans leur champ, ils sont vivants »Jean-Jacques, 85 ansIl y a cinq ans, son grand-père montait encore sur le tracteur pour donner un coup de main Le travail, c’est un médicament. Les gens qui sont dans leur champ, ils sont vivants », dit souvent Jean-Jacques. Mais il ne peut physiquement plus. L’agriculteur est une espèce qui trime jusqu’à ce que son corps ne puisse plus… », sourit cette région de l’est de la France, le travail en famille, tout comme les villages, connaissent encore une certaine vitalité. Mais si l’apport familial garde une dimension informelle, cela fait longtemps que les fermes françaises ne fonctionnent plus exclusivement sur la main-d’œuvre familiale.→ REPORTAGE. Le long de la Loire, le retour de la pêche artisanaleQuand Manu a pris la tête de l’exploitation en 2012, après avoir été salarié durant sept ans, il a fait basculer les statuts de société familiale à exploitant seul. Il a perçu à cette époque la dotation jeune agriculteur DJA, versée par l’État aux exploitants agricoles de moins de 40 ans qui s’installent pour la première fois. La DJA oscille entre 8 000 et 36 000 €, en fonction du relief plaine ou montagne et surtout est assortie de conditions strictes chiffre d’affaires sur cinq ans ; niveau de diplôme minimum. La ferme familiale » prend un nouveau visageAnnie, la mère de Manu, 58 ans, pas encore en âge de partir à la retraite, est devenue salariée de son fils après avoir eu le statut d’exploitante toute sa arrivant dans l’exploitation, beaucoup d’enfants d’agriculteurs de moins de 40 ans créent ainsi une société, sous forme de Gaec groupement agricole d’exploitation en commun ou d’EARL entreprise agricole à responsabilité limitée, ce qui permet de développer l’exploitation tout en préservant son patrimoine personnel, et de faciliter la transmission, en devenant un acteur à parts égales avec les parents le temps de leur départ à la retraite. Les Gaec représentent une minorité des exploitations françaises 11,8 %, la plupart étant en nom personnel.→ ENTRETIEN. Promouvoir une agriculture exigeante et intensive en emplois »Voilà , ce qu’on appelait autrefois la ferme familiale » prend un nouveau visage un agriculteur seul, aidé par ses parents, avec un ou plusieurs salariés. De moins en moins, il s’agit d’une affaire de couple ou de famille. Entre les deux derniers recensements agricoles 2000 et 2010, les binômes agricoles, dont la plupart sont des conjoints, ont chuté de 50 %.L’exploitation familiale élargie a, elle, chuté de 68 %, au profit des salariés et des associations de deux exploitants. Le modèle de l’exploitant seul se maintient, et le retrait progressif des aides familiales est compensé par des emplois saisonniers parfois difficiles à recruter de manière durable. La famille est encore perçue comme la garantie d’une certaine loyauté, d’une durabilité et d’une homogénéité entre la vie professionnelle et la vie Dollinger, à Hoerdt, dans le Bas-Rhin. / Victorine Alisse pour La Croix L’Hebdo Dans la maison alsacienne à colombages où habitent les parents et les grands-parents de Manu, on vivait tous ensemble sous le même toit, les grands-parents dans une chambre, les parents dans l’autre, nous en dessous, se souvient Jean-Jacques, qui a rejoint sa belle-famille dans les années 1960. Mais… ce n’était pas bien ! On se sentait toujours observé par notre belle-famille. Il n’y avait que dans son lit qu’on était enfin chez soi. L’esprit de force d’une famille, c’est difficile à supporter pour une pièce rapportée ! »Son petit-fils Manu a beau être issu de ce modèle, il l’a rejeté. Il évite d’aborder sérieusement avec sa compagne Charline l’idée qu’elle le rejoigne un jour. Elle travaille dans le secteur de l’automobile, à 10 km de la ferme. Il est conscient pourtant qu’une telle exploitation serait plus facile à porter à deux. Ils ont fait construire leur maison derrière l’une des granges, où ils viennent d’accueillir leur premier enfant. Ses grands-parents célèbrent soixante ans de mariage, mais Manu sait que les couples aujourd’hui sont plus fragiles, les individus plus indépendants, le sens du sacrifice moins présent. Dans ce métier, si tu n’avances pas, tu recules »C’est Charles Pégourié, 69 ans, qui prononce cette sentence. Les doigts pleins d’arthrose, il aide dans la nuit encore noire son fils Cyril, 40 ans, à ramasser les pommes de terre à Cajarc, dans le Lot. Charles connaît le travail des champs depuis l’âge de 5 ans, et sa retraite n’existera jamais vraiment. Cyril ? c’est le meilleur de nous tous ! », promettent les agriculteurs du voisinage. Le calcul de Cyril Pégourié, le fils de Charles, est simple faire du volume, et se diversifier. Quand Charles a racheté sa ferme à Cajarc il y a quarante ans, il avait 20 ha. Son fils en a aujourd’hui 100.→ À LIRE. Une meilleure retraite se dessine pour les agriculteursCharles se souvient du moment où la population agricole s’est mise à diminuer. Les voisins venaient lui proposer de racheter leur terre, ou reprendre un bail. Les terres libérées par les départs des agriculteurs âgés sans relève ont plus souvent servi à agrandir les exploitations en place qu’à lancer des jeunes agriculteurs hors cadre familial. C’est contre ce phénomène encore répandu que se bat la Safer Société d’aménagement foncier et d’établissement rural, qui à un niveau local régule l’accès au foncier Pégourié, à Cajarc, dans le Lot. / Victorine Alisse pour La Croix L’Hebdo Malgré ces garde-fous, la course à la terre » est réelle et alors qu’un agriculteur héritait d’une dizaine d’hectares en 1950, il en hérite aujourd’hui d’une cinquantaine. Le paradoxe, c’est que si les productions se sont multipliées par dix, leur rentabilité a drastiquement diminué avec la baisse des prix réels. En quelques décennies, la production agricole est devenue tributaire des cours fortement volatiles des marchés spectre de l’endettement Mon fils s’est endetté à hauteur de 380 000 € », confie Charles Pégourié. Cyril a construit une plateforme qui permet de centraliser la récolte du maïs de tous les producteurs du département avec l’usine Caussade. Il a aussi construit un hangar de 65 mètres de long au-dessus de la ferme il y a quelques mois, afin d’accueillir 200 chèvres, une nouvelle il a retapé, seul, l’ancien séchoir à tabac en gîte. Il n’a pas pris de vacances depuis trop longtemps », s’inquiète son père. Charles sait très bien que l’agrandissement de l’exploitation n’est pas un gage de robustesse économique, et que tout cela tient à un fil la santé de son fils. Je ne sais pas si je lui ai fait un cadeau en lui cédant la ferme »Charles Pégourié, 69 ansDepuis le début des années 2000, l’endettement est passé de 37 à 42 % du total des actifs des exploitations françaises Réseau d’information comptable agricole, Rica, 2018. Je ne sais pas si je lui ai fait un cadeau en lui cédant la ferme », soupire Charles, assis seul au bout de la table de sa cuisine. Ce matin-là , Cyril passe une tête, le visage fatigué Alors, il répond bien aux questions de la journaliste mon père ? », s’amuse-t-il, l’air pressé.→ LES FAITS. La Dordogne aide ses agriculteurs à partir en vacancesPuis à la seule question que je lui pose en retour Aurez–vous quelques minutes dans les deux jours pour échanger ? », il répond Je dors quatre heures par nuit, je n’ai déjà pas le temps de vivre… Donc je n’aurai pas le temps pour une interview, non, désolé. » C’est sans appel. Il s’en va. "Pas une minute", j’ai très peur qu’il soit arrêté par un pépin de santé mon fils, voilà ce qui me fait peur », lâche son père en baissant les yeux. Le plus dur, c’est la solitude »C’est ce que confie Mathilde Gibert, 27 ans. Et ce constat l’a amenée à faire un choix de vie à contre-courant… Elle a rejoint la ferme parentale à Saint-Mard, en Seine-et-Marne, juste avant le confinement, après avoir mûri durant trois ans cette reconversion. Ce n’est pas commun dans la région, une jeune femme qui décide de reprendre des centaines d’hectares de grande culture maïs, blé, orge, colza et de betterave en conventionnel.→ ANALYSE. Le bio, plus rentable que l’agriculture conventionnelle ?Les Gibert vivent dans la maison de la ferme depuis plus de cent ans. Mais Mathilde, elle, fait exception. Elle aime son indépendance et la vie parisienne. Elle a donc décidé de faire chaque jour l’aller-retour en voiture, une quarantaine de minutes, depuis la capitale, un choix que son père peine à Gibert et son père, à Saint-Mard, en Seine-et-Marne. / Victorine Alisse pour La Croix L’Hebdo Lunettes rondes, le teint mate, les ongles faits, un petit haut marin, des tennis blanches comme neuves, Mathilde écoute des podcasts sur son tracteur qui déchaume un look citadin qui ne cache pas son bon sens agricole » et son franc-parler redoutable. J’ai besoin d’une vie sociale forte, c’est pas une vie de s’enfermer avec ses parents comme on faisait avant. Et si le tracteur permet de se vider le cerveau, les heures passées seule peuvent aussi faire cogiter, quand on a des idées noires en tête. » À mesure qu’elle trace des sillons, les goélands se servent en vers dans la terre fraîchement retournée.→ À LIRE. Ces agriculteurs qui choisissent de vivre en villeSon expérience au service installation » à la chambre d’agriculture lui a confirmé que le modèle familial peut parfois être contre-productif, voire destructeur. Le choix de reprendre la ferme, de moins en moins d’enfants d’agriculteurs sont prêts à le faire, en tout cas pas de la façon dont les parents l’ont fait. »372 suicides en 2015Les chiffres traduisant un mal-être chez les agriculteurs qui n’ont pas de repreneurs sont évocateurs. Les questions de transmission font partie des facteurs secondaires de risques psychosociaux, surtout chez les 55-65 ans. Nos agriculteurs sont parfois fiers en apparence. Ils vont entrer en faillite et autour d’eux personne ne s’en rendra compte. C’est comme ça qu’arrivent des drames. C’est arrivé dans des familles que je connais bien », raconte la Mutualité sociale agricole MSA qui voit le mieux ces situations arriver, lorsque les exploitants ne peuvent plus payer leurs cotisations. Elle déclarait 372 suicides en 2015. L’agriculture, c’est le projet d’une vie entière »Mathilde Gibert, 27 ansLa mère de Mathilde, Marie-Cécile, a émis quelques doutes lorsque sa fille a dit vouloir reprendre la ferme. Ma mère a peur que je ne trouve personne. Elle n’a pas tort, ça fait flipper les garçons, une nana qui reprend une ferme ! », lance-t-elle en jouant les grands yeux. Elle n’exclut pas que son ancien petit ami ait pris peur quand il a compris ses intentions. L’agriculture, c’est le projet d’une vie entière », reprend la jeune femme.→ REPORTAGE. Suicides d’agriculteurs, le monde paysan au bord du précipiceEt si les agriculteurs en 2020 ont un point en commun, c’est qu’ils reprennent l’exploitation dans la grande majorité par choix, et non plus par défaut. Ils sont lucides devant l’incertitude dans laquelle les mutations climatiques et la marche du monde les plongent, mais conjuguent avec une certaine sérénité cette idée qu’il est devenu impossible de dire je ferai cela, et je le ferai comme cela toute ma vie ». C’est une génération qui n’a pas peur de l’inconnu », reconnaît le père de Mathilde, Christophe, 60 Gibert, à Saint-Mard, en Seine-et-Marne. / Victorine Alisse pour La Croix L’Hebdo Si certains enfants d’agriculteurs doivent se détacher du discours de parents inquiets avant de s’installer, c’est parce que demeure le souvenir pas si lointain de tous ceux qui se sont sacrifiés en termes de revenu et de vie familiale pour faire honneur à l’héritage. Dans les familles rouergates et béarnaises, la tradition voulait jadis qu’une partie de la fratrie parte charron, ou dans des brasseries à la capitale, quittant la ferme souvent petite pour laisser la place à l’aîné. Ces codes ont fonctionné un temps mais ils ne prévalent histoires de vie dont Mathilde a été témoin à la chambre d’agriculture ne sont pas sans rappeler le film Au nom de la terre, sorti l’an dernier, avec Guillaume Canet. L’histoire vraie d’un agriculteur, Christian, ayant mis fin à ses jours face à d’insurmontables problèmes financiers.→ CRITIQUE. Au nom de la terre », un tribut filial au monde paysanLe film fait état du croisement des générations, avec en toile de fond la difficulté à dialoguer en famille à la campagne, et cette phrase du fils à son père C’est fini le temps où il suffisait de travailler comme un forçat, j’suis un entrepreneur moi, j’investis. Je m’adapte au marché, je vais de l’avant, que ça te plaise ou non. » La connaissance de la terreMathilde est diplômée de l’ISA Institut supérieur d’agriculture, à Lille, son bagage d’ingénieur l’a aidée à comprendre certains mécanismes mais c’est encore son père, à la tête de l’exploitation, qui lui dit quoi faire chaque matin. Lorsqu’elle est constructive, la présence des parents reste un soutien précieux pour l’enfant qui s’ se souvient de tous les jeunes exploitants pleins de bonne volonté qu’elle a vu capoter » quand elle travaillait à la chambre d’agriculture, parce qu’ils n’étaient pas issus du milieu et se retrouvaient seuls. La présence des parents peut mettre la pression mais elle apporte le capital, et elle fait aussi gagner beaucoup de temps en apprentissage. » Les parents transmettent, avec la terre, la connaissance de la terre. Aujourd’hui, les jeunes ne veulent plus recevoir de croyances en héritage »Pierre Gibert L’agriculture vous tend les bras », c’était le thème du Salon de l’agriculture cette année. Le signal est fort et partout il y a urgence à voir des jeunes s’installer. La crise démographique initiée par la pyramide des âges n’en est qu’à ses débuts 35 % des exploitants actuels ne trouveront pas de relève d’ici à quatre ans. Il y a cinquante ans, il était plus facile pour un parent de transmettre sa terre à son enfant, tout comme il était plus facile de transmettre sa foi. C’était pour les parents une façon de perpétuer des croyances. Aujourd’hui, les jeunes ne veulent plus recevoir de croyances en héritage », confie Pierre Gibert, le grand-père de Mathilde, en tapotant la table devant lui du bout de sa les systèmes productifsLes enfants qui reprennent la ferme familiale, soit 70 % des exploitations françaises, ont des profils devenus inclassables. Parce que le chemin de la reprise n’est pas tout tracé. Parmi ceux qui reprennent, le détour par une vie d’avant », un autre métier ou des études supérieures longues, a souvent permis une prise de recul et le développement d’un esprit critique. La plupart des jeunes sortent de BTS, où l’on dispense des enseignements pratiques autour de la production.→ TÉMOIGNAGES. Ces jeunes qui veulent devenir agriculteursMais de plus en plus nombreux sont les diplômés d’une école d’ingénieur, avec une formation généraliste et souvent plus conceptuelle. Aujourd’hui, les entreprises agricoles sont des affaires complexes, et le chef d’exploitation est amené à gérer plus qu’à faire. Qu’ils soient fils de paysans ou non, les nouveaux agriculteurs s’installent plus tardivement et, quand ils s’installent, se sont formés à des compétences commerciales et marketing. C’est cet apport qui rend le visage de l’agriculture si multiple. Et cette nouvelle génération repense les formes et les finalités des systèmes Lafargue, 28 ans, seul pour gérer une exploitation de volailles et de grande culture à Saint-Girons, dans le Béarn. / Victorine Alisse Pour La Croix L’Hebdo Pour faire face à la pression foncière grandissante, il y a des solutions alternatives envisagées à la reprise la pluriactivité – être agriculteur mais pas seulement –, les énergies, pour générer un revenu grâce aux toits de ferme recouverts en photovoltaïque notamment, la voie de la transformation du produit, quand cela est possible – en miel, confiture. Les circuits courts sont aussi une alternative à l’impossible agrandissement de l’exploitation autant qu’une façon de renforcer le tissu local. Enfin, la diversification culturale.→ CRITIQUE. Retour sur Terre » le manifeste écologique des intellectuelsLe sociologue Henri Mendras, auteur de La Fin des paysans 1967, annonçait qu’en l’espace de quelques décennies l’agriculture française changerait de logique. La réponse, la solution », souvent fantasmée ou réductrice, sera en fait multiple. S’il y a eu l’exode rural au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c’est parce que l’intérêt pour la terre s’était perdu. Mais il renouveau de l’appétence pour les métiers de la terre montre qu’ils sont considérés comme des métiers porteurs de sens. Le confinement a permis de toucher du doigt ce que voulait dire nourrir la population ». C’est la vocation de tous ces jeunes qui se lancent dans l’aventure.
LES FRANÇAIS EN VACANCES 2/3 - La guerre met un coup d’arrêt au développement des vacances, malgré les congés payés de 1936. Les Français commencent à partir nombreux en vacances seulement dans les années 1950. Charles Trénet chante La Nationale 7 tandis qu’en 4CV, les vacanciers investissent les retient surtout la date de 1936 lorsque le Front populaire a voté les deux premières semaines de congés payés. Immortalisés en photographie, des Français radieux partent en vacances, sautent dans les trains grâce à des prix réduits pour les congés annuels» et découvrent la mer, souvent pour la première fois. Mais ce mythe grossit très largement la lire aussiVacances vintages la nationale 7 en DS cabrioletComme l’explique au Figaro l’historien André Rauch, professeur émérite à l’Université de Strasbourg, une large majorité des salariés français ont profité de ces premiers congés pour retaper» leur intérieur, pour partir au vert un jour ou deux à vélo sans s’éloigner beaucoup de leur domicile et surtout pour rentrer à la campagne retrouver leur famille, histoire de donner le coup de main». En 1936, la civilisation des vacances» - expression de Claude Goguel, auteur d’une enquête de l’INSEE de 1967 sur les vacances des Français - est loin d’être intériorisée par les Français. En 1938, il y a l’inflation, puis en 1939, c’est la guerre. À la libération, la situation est difficile. Il y a des tickets de rationnement jusqu’en 1949», rappelle l’auteur de l’ouvrage Les vacances des Français de 1830 à nos Renault 4 CV, moteur des vacances. AFP/AFPLa massification des vacances commence lentement dans les années 1950, portée par la croissance des Trente glorieuses», qui va durer jusqu’au premier choc pétrolier, en 1974. Un moment très important est le lancement de la Renault 4CV, une voiture populaire, la première produite en grande série en France», raconte André Rauch. La motte de beurre» - c’est son surnom dès son lancement en 1947 - devient rapidement l’un des symboles des congés payés et des grandes vacances, beaucoup plus que sa concurrente de chez Citroën, la 2 CV, dont les débuts sont très lents. Avec la pénurie d’acier, il faut alors attendre trois à cinq ans avant de recevoir sa Deuche». La 4CV est l’un des grands moteurs des vacances, mais marque aussi un changement. Dans cette petite voiture, on met les parents, les enfants, mais pas la belle-mère», plaisante André Rauch. Avec la démocratisation de la voiture et le développement des campings, c’est le début de vacances où parents et enfants décident d’aller ailleurs que dans leurs familles», reprend-il plus Trénet chante la Nationale 7À partir de la seconde moitié des années 1950, les Français commencent à emprunter largement les routes nationales et à investir massivement les campings sur les côtes. À l’été 1955, sur la route des vacances, ils chantent Nationale 7, le succès estival de Charles Trénet, qui emprunte lui-même cette route mythique de 996 km, reliant Paris au sud de la France, pour se rendre dans sa propriété de Juan-les-Pins Nationale Sept/Qui fait d’Paris un p’tit faubourg d’Valence/Et la banlieue d’Saint-Paul de Vence/Le ciel d’été/Remplit nos cœurs de sa lucidité/Chasse les aigreurs et les acidités/Qui font l’malheur des grandes cités/Tout excitées/On chante, on fête/Les oliviers sont bleus ma p’tite Lisette/L’amour joyeux est là qui fait risette/On est heureux Nationale 7».En deux vagues successives - juillet et août -, toute la France se réfugie-t-elle pour autant sur la Côte d’Azur? Loin de là , en réalité. Il faut relativiser la place de la Nationale 7, il n’y a pas qu’elle! Pour les parisiens, il y a aussi la côte Atlantique et celle de la Manche», rappelle André Rauch. La campagne demeure une valeur forte. En 1959, sur les 45 millions de Français, 10 millions partent en vacances l’été, 35% choisissant encore la campagne contre 34% la mer. La Nationale 7 est plutôt le signe extérieur des vacances». Ce qui change fondamentalement, c’est la préférence qui est progressivement donnée à l’eau, à la mer, alors qu’il y avait auparavant un privilège de la terre et de la campagne», explique l’historien, qui cite Gaston Bachelard, philosophe auteur de plusieurs essais sur les quatre éléments, notamment L’eau et les rêves et La Terre et les rêveries du des Français sont partis en vacances en 1964, contre 64% en 2017. Service Infographie Le FigaroLa mer détrône la campagneAutre changement majeur avec la civilisation des vacances, il faut désormais être hâlé - bronzé, ce sera pour plus tard... C’est un autre signe extérieur des vacances. Dans la culture collective, quelqu’un qui revient blanc comme un cachet d’aspirine n’a pas pu prendre de vacances», commente André Rauch. Cette préférence pour un teint mâtiné par le soleil se heurte tant à la vieille culture aristocratique qu’à celle du peuple. Dans la haute société, jusqu’aux années 50, tout était fait pour être le plus blanc possible. Plus largement, un souci hygiéniste très ancien est demeuré longtemps. Il fallait à tout prix protéger sa peau du soleil. Les paysans portaient chemises à manches longues et chapeaux», précise l’historien, qui poursuit Dans les décennies d’après-guerre, nous nous sommes peu à peu familiarisés avec notre corps. On oublie que la salle de bains est une création récente. C’est pourtant l’espace domestique où l’on prend soin de soi». Dans ce nouveau cadre, la mer et la plage deviennent le lieu public par excellence de cette nouvelle familiarité des parenthèse enchantéeLes vacances sont alors vécues comme une coupure radicale dans l’année. Pendant onze mois, on travaille ; pendant un mois, on tourne la page. Les vacances sont alors synonymes de délassement, de repos. Dans cette civilisation des vacances, on ne faisait pas forcément grand-chose. S’ennuyer de temps en temps était normal», poursuit André Rauch. Les vacances représentaient ainsi une forme de parenthèse enchantée. Dans les années 1960, pendant les vacances, on ne comptait pas. On consommait ce qu’on avait épargné pendant le reste de l’année. Ça scandalisait les ministres du Général de Gaulle!», poursuit l’auteur de Les vacances de Français de 1830 à nos les ingrédients sont réunis pour une victoire triomphale de la civilisation des vacances». Après les accords de Grenelle en 1968, les salaires ont augmenté. Le SMIG, notamment, a bondi de 35%. Depuis 1936, les deux semaines de congés payés se sont élargies à trois dès 1956, puis à quatre en 1969. Ainsi, cette année-là , 45% des Français partaient au moins une fois en vacances dans l’année. Ils sont 51%, cinq ans plus tard, en 1974. Plus d’un demi-siècle après le début de cette civilisation des vacances», qu’en reste-t-il? L’autoroute a remplacé les nationales, l’avion permet d’aller plus loin, les vacances se morcellent, étalées sur l’année. Une autre page de l’histoire des vacances s’ Découvrez tous les bons plans et codes promo Ouigo pour voyager moins chers
la vie Ă la ferme en 1960